Well, the first human ! [End]

Ok by Morrigan

L'italienne remarqua les mains enlacées de ses deux jeunes hôtes et réprima un soupir. Alice et Jasper formaient un duo plutôt singulier. A vrai dire Sulpicia aurait beaucoup aimé qu'ils rejoignent sa famille et ne se morfondit que plus à l'idée que son mari ratait l'une des créatures surnaturelles qu'il désirait le plus en son Clan. L'idée du pouvoir d'Alice avait suscité en Aro un important étonnement suivi d'un immense désir de l'assimiler à la longue liste des membres de la famille Volturi. La jeune brune savait pertinemment que son époux serait furieux dès qu'il aurait appris la nouvelle c’est pourquoi l'idée de les faire rester au Manoir jusqu'à son retour lui effleura l’esprit. Mais à quoi bon ? Aro ne rentrerait que dans deux jours et les deux Cullen avaient déjà éprouvé le désir de s'en aller au plus vite. Quel dommage ! Ne trahissant en rien sa grande déception Sulpicia continuait à sourire. Si son premier sourire à l'arrivée de ses invités forcés avait été des plus hypocrites celui qu'elle affichait dès lors ne l'était plus, ou du moins, moins. Alice et Jasper ; émerveillés devant l'énorme pièce où ils s'étaient installés, les mains enlacées, Jasper toujours très légèrement en avant d'Alice signe évident de protection et donc marque d'affection ainsi que l'attention de cette dernière quant à la protection mentale de son époux. Si Alice n'avait sûrement plus vraiment de problèmes quant à son régime végétarien c'était tout autre chose du côté de Jasper. Son attitude ainsi que le raidissement inhabituel de son corps le trahissait. Une sorte de combat était engagé dans la tête de Sulpicia. Sa faim évidente prenait de plus en plus d'ascendant sur elle et ses pupilles luisaient d’un rouge vif mais il aurait été tout à fait impensable de manger devant ses hôtes. Quoique ? Non, cela aurait été tout à fait discourtois. De plus la énième remarque d'Alice traduisait de leur envie de s'en aller au plus vite, chose en partie paradoxale à la propre envie de Sulpicia qui souhaitait qu'ils rencontrent Aro et qui ne souhaitait donc qu'une simple chose; que les deux macabés soient venus rendre visite à la famille Volturi 48 heures plus tard. Triste coup du sort.

Sulpicia évita soigneusement la réplique de Jasper quant à la fortification de Voltera ne lui répondant que par un simple sourire qui en disait plus long que de simples mots. Le vampire avait parfaitement raison bien qu’il fût impensable que les Volturi agissent en tant que tel. Le remerciant à son tour à propos de l’architecture et la décoration du Manoir Sulpicia acquiesça également. Elle n’y était pas pour grand-chose au niveau de la construction. En effet lors de sa transformation le Manoir était depuis bien longtemps érigé et la jeune vampire l’avait alors intégré comme d’autres avant elle. Pour ce qui était en revanche de la décoration, ca, elle y était pour quelque chose. Trois siècles de vie, elle avait eu le temps aidée de sa sœur et d’autres amies Volturi de s’en occuper. Les lourds tableaux qui ornaient le grand salon n’étaient qu’effigies murales ventant la grandeur de la somptueuse famille Italienne. Tableaux représentant les trois frères, tableaux de chasse, tableaux de la ville, Sulpicia en chérissait deux particulièrement. Sur l’un elle se trouvait peinte en compagnie de son mari, sur l’autre elle était représentée en compagnie de sa sœur cadette Athenodora ainsi que la défunte éternelle Didyme, ancienne compagne de Marcus et amie. Comme absente un instant Sulpicia se remémora le temps auquel remontaient les tableaux. L'instant en question dura bien évidemment bien moins de temps qu'une respiration, à peine une seconde mais en ce laps pourtant court de temps, tout était tout à fait remarquable par un vampire. Eternels, leur perception du temps et de l'espace ainsi que des choses environnantes était profondément différent de celui des autres ... humains, enfant de la Lune bref.

Lorsqu'Alice lui posa la question d'où se trouvait son mari Sulpicia fut prise au dépourvue, ne songeant pas qu'elle se permettrait une telle chose. Restant souriante la vampire affamée répondit d'un stupéfiant calme malgré son appétit qui se faisait de plus en plus féroce. Le sourire aux lèvres Sulpicia prononça, taquinante.

« La curiosité est un vilain défaut »

Alors qu'Alice embrayait sur le fait non nouveau qu'ils ne souhaitaient s'attarder au Manoir Sulpicia lui répondit, amusée. Bien qu'elle ne sache pas beaucoup de choses sur la vampire qui lui faisait face la curiosité était une chose inévitable chez elle et son don ne pouvait que le confirmer. L'Italienne était également très curieuse surtout lors de son ... humanité mais le fait d'épouser Aro et du fait de son statut chez les Volturi Sulpicia s'était comme assagit. Elle était devenue plus calme, plus posée et surtout avait apprit petit à petit à dompter son ancienne nature, au Manoir du moins. Femme d'un des frères n'était pas tâche facile c'est pourquoi elle aimait beaucoup passer de temps seule avec sa sœur. Elles se connaissaient parfaitement et n'avaient aucune limite. En présence des autres membres du Clan Sulpicia se devait de s'exposer en tant que figure nécessaire tout en n'étant pas exubérante. Si elle connaissait et était connue très bien par certains membres de sa famille, ce n'était que par de rares personnes. Bien qu'elle sache à présent parfaitement se maîtriser les débuts de sa vie de vampire n'avaient pas été faciles à l'instar de tous les autres et la première décennie fut les moments les plus dur de son existence. La proximité avec Athenodora était considérablement réduite du fait de leur mutuelle dangerosité et toujours satisfaite dans son humanité il lui était extrêmement difficile d'apprendre à maîtriser ses désirs ainsi que de les ajourner. Cependant ce fait était commun à tous les vampires et les débuts de sa vie vampirique étaient à présent loin derrière elle à son grand bonheur.

« Je représente ma famille en l'absence des frères, c'est naturel. Pour répondre à ta curiosité pétillante Alice sache qu'Aro est parti dans les environs de St Petersburg. Il devait s'y rendre depuis quelques temps mais chose étonnante, le temps lui manquait » Rajouta Sulpicia d'un ton amusé.

Le simple fait qu'Aro quittait la ville signifiait un important voyage. Les trois frères n'avaient pas pour habitude de se déplacer et lorsqu'ils le faisaient en personne l'incident ou la chose à constater n'en était que plus grave. Jamais le Clan au complet ne s'était déplacé. Si les Gardes accompagnaient toujours les frères, ils ne partaient pas forcément tous et jamais leurs femmes ne les accompagnaient. Elles ne quittaient d'ailleurs que très rarement leur nid italien et si c'était le cas, ne se rendaient pas très loin. Quel que soit l'évènement, les sœurs italiennes n'étaient jamais parties en voyage avec leurs époux respectifs ou du moins pas en compagnie des Volturi au complet. Il était déjà impossible qu'elles se rendent avec les frères en mission comme s'amusait gentiment Sulpicia à décrire les voyage de son époux qui se révélaient toujours être la quête de nouveaux membres aux dons extraordinaires. Bien qu'elle aurait beaucoup aimé participer aux expéditions comme celles durant la rébellion en Amérique du Sud ou encore durant la tentative misérable de putsch des Roumains celle qui avait le plus intrigué Sulpicia était la légendaire et si terrible traque des enfants immortels... Elle n'en avait rencontré qu'un seul et il avait été presque aussitôt exécuté par les gardes au grand regret de la dame fort intriguée par ces si immondes et si intrigantes créatures.

Bien loin de ces souvenirs Sulpicia vit Alice fortement étreignir la main de Jasper. Pouvaient-ils être si amoureux ? A vrai dire cela crevait les yeux mais les liens entre les Volturi différaient fortement de ceux chez les Cullen. Tout d'abord Chelsea agissait en secret sous les ordres des frères, améliorants les rapports de chacun alors que chez leurs cousins végétariens tout était basé sur l'amour et autres notions qui échappaient à la Volturi. Certes elle aimait éperdument son mari mais ne possédant sûrement pas la même définition de l'amour il était impossible de rapprocher en quelle que chose que ce soit les deux couples. Alors que les deux hôtes de Sulpicia changeaient un regard complice, sorte de signal de pré-départ un bruit se fit entendre à l'entrée de la pièce. Heïdi qui n'était pas partie avec les autres, chose rare mais qui arrivait, était bien rentrée de sa chasse et plusieurs des Volturi entrèrent dans le salon talonnés par les humains à l'aspect si placide, encore sous le joug d'Heïdi. D'un bond ses yeux étincelèrent et elle retroussa ses lèvres sur ses dents le regard avide de sang. Réintégrer l'idée qu'elle avait des invités et qu'elle se devait de faire bonne figure n'était pas en tête de ses priorité néanmoins la politesse l'exigeait. Bien qu'elle aurait adoré regarder le visage sûrement décomposé malgré ses efforts de Jasper à ce moment ci Sulpicia se leva faisant signe à ses invités qu'elle allait ajourner la chose aussi regrettable cela pouvait être. D'une démarche souple et gracieuse la vampire traversa le salon et prononça d'une voix impérieuse.

« Le repas ne se fera pas ici. Nous avons des hôtes qui viennent de loin et il serait déplacé de manger devant eux du fait qu'ils ne se joindront avec nous. Je veillerai personnellement à ce que personne ne mange ici est-ce bien clair ? »

Dans un murmure d'approbation les morts bien vivants repartirent comme ils étaient venus et prirent la direction de l'aile opposée où se trouvait également un salon, certes plus petit mais tout aussi confortable. Après tout ils n'étaient pas nombreux et cela leur suffirait amplement. Rebroussant chemin Sulpicia feignit d'ignorer l'odeur des humains qui lui inondait de flammes la gorge et rependait douleurs et tensions dans tout son être. L'odeur était si douce, si appétissante … qu'elle crut plusieurs fois la suivre mais elle n'en fit rien. Vampire âgée elle avait apprit à plus ou moins maîtriser sa soif. Elle revint avec courage s'assoir sur le canapé et étira ses lèvres en sourire qui ne se voulait en rien douloureux mais qui ne pouvait feindre le contraire. Tout en prononçant de vague excuses du fait que les vampires avaient sans aucun doute tout entendu de la conversation à l'autre bout du salon Sulpicia expliqua néanmoins une seconde fois.

« Je suis navrée, je ne prévoyais pas le retour d'Heïdi si tôt »

Bien qu'elle soit légèrement amusée de la situation il était hors de question de manquer à ses obligations d'hôtesse de marque et en temps que tel elle savait avoir réagi de la bonne façon. Bien qu'elle s'était souvent demandée jusqu'où allait la tolérance à l'odeur humaine chez ses cousins végétariens le moment était absolument inopportun d'en faire le test. Habituée et élevée dans la bienséance bien que la politesse ne soit qu'optionnelle Sulpicia s'excusa gravement une seconde fois.